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Svara

 

Le terme sanskrit qui correspond à celui de note de musique est svara. Selon Śāraṅgadeva, svara est composé du terme rañja, qui signifie « charmer », « colorer », auquel est ajouté le préfixe neutre sva (soi). Svara serait donc ce qui charme ou colore de soi ou par soi-même: «Émergeant directement du śruti, doux et résonnant, le son qui charme par lui-même l’esprit de l’auditeur est appelé svara. » (Saṅgītaratnakāra Vol I, 3, 24c-25b, traduction libre tirée de la traduction anglaise: Shringy, R.K. & Sharma, P. L., 2013, p. 130)

 

Depuis le Nāṭyaśāstra, les musicologues indiens ont reconnu sept svara. Ceux-ci se nomment : ṣaḍja, ṛṣabha, gāndhāra, madhyama, paṅcama, dhaivata et niṣāda. Dans la pratique courante, ils sont appelés par leur forme diminutive : Sa, Re, Ga, ma Pa, Dha, Ni. À l’exception de Sa et Pa, tous les svara peuvent se présenter sous deux formes : pure (śuddha) ou altéré (vikṛita). Les svara Re, Ga, Dha et Ni peuvent être diminués d’un demi-ton, ils sont alors appelés komala re, komala ga, komala dha et komala ni ; ma peut être augmenté d’un demi-ton pour devenir tivra Ma.

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On obtient ainsi une octave pouvant être divisée en 12 degrés ; sept purs et cinq altérés. Donc, contrairement à la croyance populaire, il n’y a pas de quart de ton dans la musique de l’Inde, mais bien douze degrés séparés par demi-tons comme dans la gamme chromatique de la musique occidentale. Soulignons tout de même que les musicologues indiens ont démontré que l’octave peut être divisée en vingt-deux śruti* ou micro-intervalles. Il suffit ici de mentionner que les degrés de l’octave en musique indienne ne sont pas tempérés et qu’ils ont ainsi une grande variation de fréquences. Les svara sont établis par rapport à la tonique, Sa, matrice de tous les svara (ṣaḍja signifie littéralement « géniteur de six »). Sa n’a pas de fréquence attitrée, mais est fixé en fonction de chaque voix ou de chaque instrument. Un chanteur peut chanter son Sa sur une note avoisinant do# tandis qu’un autre chantera son Sa sur mi, ou presque ! C’est à partir de cette tonique que l’échelle d’intervalles de la gamme est construite. Chaque svara de la gamme possède ses propres nuances de hauteurs ce qui fait qu’un même svara peut être chanté / joué un peu plus haut ou un peu plus bas selon le raga. Par exemple, le komala re du raga Toḍī est traditionnellement chanté / joué légèrement plus bas que celui du raga Māravā. La hauteur spécifique pour chaque svara n’est pas le résultat d’un exercice de calcul, elle est ajustée « à l’oreille » et souvent conditionnée par le type d’ornementation convié lors de l’interprétation d’un raga.

Référence :

  • Śāraṅgadeva. (2013). Sangitaratnakara of Sarngadeva (R. K. Shringy et P. L. Sharma, Trad.) (Vol. 1). New Delhi : Munshiram Manoharlal.

*Le lecteur intéressé par la question des śruti pourra consulter entre autres Clements, E. (1913). Introduction to the Study of Indian Music (1966 ed.). Allahabad: Kitab Mahal (Wholesale Division) Private Limited ; Daniélou, A. (1980). The Raga-s of Northern Indian Music. New-Delhi: Munshiram Manoharlal ; Rao, S. (2000). Acoustical perspective on raga-rasa theory. Munshiram Manoharlal Publishers. J'encourage ce même lecteur à lire l’excellente critique adressée à ces auteurs et leur approche de la musique Indienne dans Jairazbhoy, N. A. (2008). What Happened to Indian Music Theory? Indo-Occidentalism? Ethnomusicology, 52(3), 349-377.

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